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Entrevue avec Yanick Lajeunesse, ultramarathonien !

  • marinmaxime
  • 4 mai 2021
  • 9 min de lecture


Crédit photo : Yanick Lajeunesse


Le blog « Le Sparring Verbal » n’est pas uniquement composé de chroniques sur les arts martiaux mixtes. Dans ce projet, je désire faire des chroniques mais également m’entretenir avec des athlètes amateurs et professionnels pour qui le sport et la mise en forme sont partie prenante de leur quotidien.


Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous livrer l’entretien que j’ai eu avec le coureur de trail de Lanaudière, Yanick Lajeunesse.


M.M : Quand as-tu commencé la course à pied et qu’est-ce qui t’a amené à débuter ?


Y.L : J’ai toujours été sportif (actif). Pour la course à pied, ça a été beaucoup de in and out au Cégep. Après ça, en 2012, j’étais arrivé depuis un petit bout sur le marché du travail et j’ai réalisé que j’aimais me fixer des objectifs de distance ou de temps à la course à pied. C’est en 2012-2013 que ça a vraiment commencé avec des objectifs alors qu’avant ça, c’était plus dans le but de me mettre en forme avant l’arrivée de la saison de hockey.


M.M : Qui sont tes inspirations sur le plan sportif ? Pourquoi ?


Y.L : En trail, ce sont les athlètes québécois qu’on voit actuellement beaucoup comme Elliot Cardin, Sarah Bergeron-Larouche, Mathieu Blanchard et Anne Champagne. Il y a également Joan Roch et Patrice Godin qui m’ont vraiment amené à découvrir la course en sentier. Avant de commencer la course en sentier, quand je courais sur la route, je n’avais pas vraiment de référence à savoir qui était l’élite québécoise. À mes débuts, j’étais bien-sûr impressionné par les bons coureurs, mais je n’étais pas nécessairement influencé par quelqu’un.


M.M : Avec les réseaux sociaux comme Instagram, on découvre de manière exponentielle : Tu t’abonnes à quelqu’un et on te suggère quelqu’un d’autre, etc. J’ai un peu connu ces gens-là comme ça. D’ailleurs, ce qui est drôle c’est qu’on travaille ensemble depuis quand même plusieurs années et c’est un peu grâce à Instagram qu’on a su qu’on partageait une passion commune. C’est quand même drôle !


Y.L : Exactement ! On se parlait occasionnellement depuis environ 2 ans sans savoir que tu avais un intérêt et que j’avais un intérêt pour la course et c’est vraiment Instagram qui nous a permis de découvrir ça !


M.M : Ce qui est surprenant c’est que nous n’étions pas abonnés l’un à l’autre, nous n’étions pas amis sur Facebook non plus. C’est sur une publication de Joan Roch que tu avais vu un de mes commentaires je crois.


Y.L : Oui exactement.


M.M : Toutes ces années-là à se parler sans savoir qu’on partageait cette passion-là, c’est vraiment drôle ! Maintenant, passons à la prochaine question. Qu’est-ce qu’une semaine d’entraînement pour toi ?


Y.L : Mes semaines d’entraînement ne sont jamais planifiées de façon précise. Je n’ai pas nécessairement d’objectifs fixe de volume, de temps ou de nombre d’entraînements, mais j’essaie de regarder les semaines avec une vue d’ensemble. Si j’ai une séquence où je fais un petit build-up de volume, je sais que j’aimerais, au bout de ma semaine, arriver entre tel et tel kilométrage mais je n’ai jamais d’objectif précis de kilométrage. Je sais que dans une semaine, il peut arriver plein d’affaires qui peuvent modifier mon temps libre. J’essaie de conserver une certaine logique dans ma progression d’entraînement, mais j’y vais plus au feeling pour ma planification hebdomadaire.


M.M : Là où je voulais t’amener avec cette question est comment tu concilies le travail, la famille et l’entraînement ? On a des horaires différents mais c’est un peu toi qui m’as inspiré à me lever ultra tôt afin de courir. Je voulais savoir comment tu t’es adapté avec l’arrivée de tes 2 filles ?


Y.L : À partir du moment où il y a des enfants dans une vie, ils prennent de la place et du temps, et c’est parfait comme ça. Il faut juste construire autour de ça si tu veux t’entraîner. Il faut construire l’horaire autour de la vie familiale. À la naissance de ma première qui a maintenant 4 ans et demi, j’ai modifié mon horaire d’entraînement pour m’entraîner le matin. De façon majoritaire, je m’entraînais le matin avant que ma blonde ou ma fille se lève. Ça a été la façon la plus efficace pour moi pendant un bon 3 ans, 3 ans et demi. Entre temps, j’ai eu ma deuxième fille. Son sommeil est plus léger le matin. Si je me levais pour aller courir, ça la réveillait. Comme le principe d’aller courir le matin était de ne pas déranger personne, j’ai un peu modifié ma façon de faire. Au quotidien, je ne m’entraîne plus spécifiquement le matin. Comme je causais plus de dérangement, j'ai adapté mon entraînement à la nouvelle réalité. Parfois c'est plus simple de m’entraîner le soir quand les enfants sont couchés.


M.M : Quand tu t’entraînais le matin, à quelle heure tu débutais environ ?


Y.L : Je devais partir de la maison vers 6h pour me rendre au travail. Mon heure de réveil était donc en fonction de la distance que je voulais faire. Si je voulais avoir un volume de 10 km, je me levais vers 5h et si je voulais faire plus, je reculais dans le temps. Je pouvais me rendre jusqu’à 4h du matin. J’ai déjà mis mon cadran à 3h45 du matin parce que je voulais avoir un bon volume le matin et avoir le reste de la journée libre pour d’autres choses. Le moment où le cadran sonne, c’est difficile mais une fois que tu es assis, les 2 pieds par terre sur le bord du lit, que tu te lèves et que tu es en mouvement, c’est à partir de là que la journée débute !


M.M : À quoi ressemble ta routine avant un événement sportif comme un ultramarathon (préparation, etc.) ?


Y.L : Je n’ai pas de grosse routine établie. Je vais essayer évidemment d’avoir un bon repas riche en glucides pour essayer de simili faire une surcharge glycogénique. Même à ça, de la façon que je la fais, probablement que ce n’est pas si efficace que ça. Je n'ai pas une routine que je dois faire absolument mais essentiellement, la préparation du matériel est importante dépendant de l’épreuve et de ses particularités (Exemple : À quel endroit se trouvent les drop bags dans un ultramarathon). Avant l’épreuve, je procède à une analyse du parcours. Je réfléchi à ce qui pourrait arriver et j’essaie de le prévoir. Je considère aussi que la connaissance du parcours fait partie de la responsabilité du coureur. C’est impossible de connaître le parcours par cœur, mais il faut quand même connaître les principales caractéristiques (Exemple : points de ravitaillement) afin de planifier sa course. Je tiens toujours une check list afin de m’assurer de rien oublier et éviter de petits stress inutiles avant le départ.


M.M : Quelles sont tes habitudes alimentaires dans ta routine d’entraînement hebdomadaire ?


Y.L : Je vais m’assurer d’avoir une alimentation équilibrée. Je ne suis pas très strict au niveau de mon alimentation en général. Ça n’a pas nécessairement rapport à la course mais d’avantage à mes valeurs environnementales, j’ai diminué de beaucoup ma consommation de viande. J’essaie de manger plus de fruits et de légumes mais sinon je n’ai pas vraiment d’habitudes alimentaires spécifiques. Le fait de savoir que j’ai un gros entraînement le lendemain risque de modifier quelque peu la façon que je vais enligner mes repas mais ce n’est pas ça qui va contrôler mon alimentation ou m’empêcher de prendre une bière.


M.M : Quels sont tes plus beaux souvenirs d’événements de course ?


Y.L : Mes trois ultras complétés (47 km de la Trail du Grand-Duc à Stoneham, 70 km du Québec Méga Trail et 80 km du Bromont Ultra) sont de super beaux souvenirs ! Le feeling d’avoir franchi la distance et d’avoir complété l’épreuve sont des souvenirs incroyables. Ma toute première course en trail, en 2016, c’est un excellent souvenir même si le résultat n’est pas exceptionnel. Lors de la course elle-même, il ne s’est rien passé d’extraordinaire, mais un déclic s’est produit dans ma tête. Je venais de découvrir quelque chose ! C’était au Ultimate XC, une course qui n’existe plus à Saint-Donat. C’est vraiment à ce moment-là que je me suis dit que c’est possible de courir en trail, je savais que je tenais quelque chose. Il y avait quelque chose qui venait de s’allumer, je savais que ce serait une passion pour les années à venir. J’ai couru un 22 km mais l’événement était composé d’épreuves de 5 km, 11 km, 13 km, 22 km, 38 km, 60 km et 120 km. Le 120 km, qui s’appelait « La p’tite trotte à Joan » grâce à Joan Roch qui a été le premier à compléter l’épreuve, est un peu ce qui m’a fait connaître les ultramarathons. J’avais fait seulement un 22 km, mais le fait de savoir que certains coureurs ont fait 100 km de plus que moi, c’était très impressionnant et un déclic s’est produit à ce moment-là.


M.M : En quoi la pandémie a affecté la pratique de ton sport et comment tu t’es adapté à ça ?


Y.L : Première des choses, il n’y a plus d’événements officiels, mais il n’y a plus de travelling pour aller travailler non plus parce que je suis en télétravail depuis mars 2020. Le fait que je suis à la maison, je récupère du temps d’entraînement, ce qui fait que j’ai réussi à plus m’entraîner. Comme je passe la journée à la maison, ça fait du bien de sortir courir dehors une fois rendu au soir. Il y a des journées où la seule fois où je quitte mon terrain, c’est pour aller courir le soir. D’un côté, je m’entraîne d’avantage mais d’un autre côté, il n’y a plus d’événements organisés pour démontrer les gains physiques. Je me suis rendu compte que je n’avais pas nécessairement besoin de courses officielles pour m’entraîner mais c’est quand même agréable d’avoir un objectif en tête, ça aide à la motivation, c’est un plus. Premièrement, avec toi l’an passé, on a eu notre 55 km qu’on s’était fixé au mois de mai, ça a été le premier objectif. Après ça, à l’automne, je me suis fixé un autre objectif qui était de relier les 2 boucles principales du Parc de la forêt Ouareau dans la même course, ce qui m’a donné un trajet de 68 km en trail. Ça a été ma façon de me fixer un objectif et valider mon niveau de forme. Ça a vraiment bien été, ce fut 68 km avec 2500 mètres de dénivelé positif que j’ai complété en un peu moins de 10 heures. La petite twist par rapport à ça c’est que dans un objectif autosupporté comme ça, tu es seul et tu dois t’occuper de tout (Hydratation, nourriture) donc tu dois réfléchir à tes besoins pour l’épreuve complète. En gros, le challenge était plus au niveau de la logistique. Pour cette année, c’est un peu le même principe. Présentement, je suis inscrit à aucune course, on verra ce qui va se passer, peut-être à l’automne. Comme l’an passé, à la fin du mois de mai, j’ai déjà un objectif de prévu, conçu par moi-même, encore dans ma région. Ça devrait être une grande boucle de 80 km à Saint-Donat (Lac Ouareau, Lac Archambault). La boucle fait le tour des 2 lacs et de la municipalité. 90% du parcours sera une trail « Single Track » très très sauvage. Un bon défi côté technique.


M.M : On va rester dans les projets. Une fois qu’on aura un semblant de retour à la normale, quels seront tes objectifs au niveau de la course à pied ?


Y.L : Ce sera pas mal de conserver ce que je fais présentement. Je vais peut-être prendre part à plus d’événements organisés. L’objectif sera de conserver ce volume d’entraînement là. Je vais sûrement me garder des épreuves/objectifs conçus par moi-même dans l’avenir car c’est simple, c’est accessible, tu places ça où tu veux dans l’année comparativement à une course organisée. Ça te permet de t’exercer suite à un build-up optimal.


M.M : Quel est ton rêve en course à pied ? Quelle est ta course de rêve ?


Y.L : Tu regardes des courses à l’international, c’est sûr que ça fait rêver mais je n’ai pas de courses absolument dans ma bucket list. J’ai vraiment l’objectif de courir et m’entraîner longtemps. Demeurer en santé longtemps et de pouvoir faire ça sans rien hypothéquer. Ce que j’ai franchi jusqu’à maintenant c’est 80 km mais dans mes objectifs au cours des années à venir, si c’est rapidement tant mieux, je veux franchir le 100 km puisque c’est une barrière mentale. Après ça, c’est un peu flou, je ne le sais pas vraiment. Si je continue à garder ça dans le plaisir et la santé, d’autres objectifs et d’autres courses vont apparaître devant moi.


M.M : En terminant, quels conseils tu donnerais à quelqu’un qui débute en course à pied ?


Y.L : Y aller graduellement, c’est un classique. On fait tous l’erreur de partir trop vite. Oublier le pace un peu et se laisser du temps. C’est le fun courir, ce n’est pas supposé te démolir le corps. On fait tous l’erreur de penser qu’en courant moins rapidement que 4:30 du km, on est poche, mais non, ce n’est pas ça ! C’est un peu ça aussi que la course en sentier m’a apporté parce que le pace, en sentier, ça ne veut rien dire. C’est sûr qu’il y a des coureurs qui vont courir la trail plus rapidement que d’autres mais le nombre de minutes/secondes au kilomètre en sentier, ça ne donne rien de focusser là-dessus. Pour quelqu’un qui débute, cours en t’amusant, oubli le pace et les choses vont bien aller. Tout est de la constance en course à pied. Tu vas vraiment arriver à te surpasser comme tu ne pensais jamais si tu es constant et tu laisses le temps à ton corps de s’adapter. Sans faire des entraînements spécifiques, juste en étant constant à toutes les semaines avec plusieurs journées d’entraînement combinées à des journées de repos à l’année longue, tu vas arriver vraiment à des bons résultats en bout de ligne et tu ne t’en rendras même pas compte. À un moment donné, tu vas faire un circuit en tant de temps et 1 an et demi plus tard, tu vas faire le même circuit en forçant moins et tu vas avoir retranché 20 minutes sur ta boucle et tu vas te dire « Voyons donc » !

 
 
 

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